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CHATTAM, Maxime



L’Ame du mal

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Kate Philips ouvrit la porte du véhicule et laissa Josh descendre. Il tenait à la main une poupée en plastique représentant Captain Futur qu'il serrait contre lui comme s'il s'agissait d'un trésor fabuleux. L'air suffocant du parking les assaillit aussitôt. A n'en pas douter l'été serait de plus en plus torride.

- Viens mon ange, dit Kate en glissant ses lunettes de soleil sur ses cheveux.

Josh sortit en observant la façade du centre commercial. Il aimait beaucoup venir ici, c'était synonyme de plaisir, de rêve tant il y avait de choses agréables à voir. Des jouets par centaines, toutes les gammes représentées sur des mètres et des mètres, du palpable, pas de l'image à la télé ou dans des catalogues. Plus tôt dans la matinée, en entendant sa mère dire qu'elle partait au centre commercial, Josh avait bondi sur l'occasion et s'était imposé à force de gentillesse. A présent que l'établissement se dressait devant lui il sentait l'excitation monter. Peut-être pourrait-il repartir avec un jouet ? Le camion-citerne Majorette qui lui manquait, ou peut-être même une panoplie de Captain Futur ! La journée s'annonçait bien, très bien même. Un nouveau jouet. Ça c'était une idée séduisante ! Encore fallait-il que Kate accepte. Il se tourna vers sa mère pour le lui demander et constata qu'elle vérifiait ses bons de réduction soigneusement découpés dans les journaux et publicités.
- Tu m'achètes un jouet, maman ? demanda-t-il de sa voix fluette de garçon de presque quatre ans.

- Ne commence pas, Josh et dépêche-toi un peu sinon je ne t'emmène plus avec moi.
Le petit garçon mit sa main en visière comme il avait souvent vu son père le faire et traversa ainsi le parking.

- Quelle chaleur ! lança Kate en se ventilant tant bien que mal de la main. Ne traîne pas, chéri, on va se liquéfier si on tarde trop en plein soleil !

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Personne ne semblait vivre ici-bas, comme si le sous-sol était réservé aux ombres et aux fantômes. Parfois Brolin percevait le froissement d'une blouse de travail ou un raclement de gorge, mais personne n'était visible, chacun se terrant derrière les portes entrouvertes des salles d'autopsie. Il régnait ici une odeur étouffante d'antiseptique et Brolin réalisa soudain qu'on était sous terre et qu'il n'y avait aucune fenêtre nulle part, et qu'à défaut d'une grosse ventilation, l'antiseptique était peut-être la seule parade efficace au parfum âpre de la mort. Un frisson glissa le long de son échine. Il longea une rangée de brancards roulants et gravit les marches d'un pas rapide pour atteindre le rez-de-chaussée.

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