CHERGUI, Nadjet & WAINTRAUB, Judith



Voyage en Belgiquistan

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La société belge, coincée entre la pression woke et l’islamisme, semble toujours tétanisée face à cette idéologie qui avance en fissurant le principe de neutralité, censé garantir la cohésion du pays

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En ce vendredi matin, près de la Gare du Nord, érigée au milieu de la commune de Schaerbeek, au cœur de la capitale belge, deux artères parallèles se toisent en abritant deux univers, tout aussi parallèles. Le contraste est d’abord saisissant, puis déroutant. Les deux mondes se font face, mais ils s’ignorent. Malgré la proximité, ils sont aux antipodes l’un de l’autre. La rue d’Aerschot déploie son théâtre d’ombres et de néons. Ici, les corps des prostituées s’exposent derrière des vitrines comme autant de marchandises offertes aux regards avides des passants.

La nuit ne tombe jamais vraiment sur le « quartier rouge » de la capitale belge. Elle se consume sous le ballet mécanique des désirs tarifés. À quelques mètres à peine, séparée par un souffle et un monde d’écart, la rue de Brabant affiche une tout autre ambiance, où le « sacré » est omniprésent. Là, une enfilade de vitrines et d’échoppes faisant commerce d’un autre genre. Les horloges y scandent, avec une précision helvétique, l’appel à la prière. C’est ce qui rythme le temps. Les tapis, empilés comme des sentinelles du rite, attendent d’être déroulés en direction de La Mecque. Derrière les vitrines, livres coraniques et autres ouvrages religieux sont à disposition. Et, suspendues sur des cintres, des étoffes austères, déclinées jusqu’aux tailles enfantines, préparent les petites filles à disparaître sous le voile d’une « pudeur » imposée, avant même que leur corps ait eu le temps d’atteindre la puberté.

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La capitale del’Europe change à vue d’œil. Depuis plusieurs années. Il n’y a qu’à ouvrir les yeux et se promener dans les rues de Bruxelles pour voir que le communautarisme et l’islamisme, tous deux ostentatoires, grignotent toujours plus l’espace. Dans certains lieux, seule « l’économie islamique » est visible. Tout est « halalisé ». Des salons de coiffure non mixtes jusqu’aux gargotes, en passant par les magasins de vêtements. Une mono économie au service non pas des musulmans, mais des islamistes. Dans les allées d’une de ces boutiques, une jeune femme feuillette un livre couleur rose bonbon dont le personnage principal, une petite fille de 4 ans, sans visage, habitant en France et prénommée Hidaya (qui veut dire conseil religieux) raconte comment et pourquoi elle porte le jilbab et se couvre les cheveux comme sa mère. Dès la première page, l’auteur écrit : « J’ai une idée ! Et si tu portais le hijab pendant qu’on te lit ce livre. Peut-être que ta maman ou ton papa peut t’aider à le mettre ». « Est-ce que c’est le genre de chose que l’on doit enseigner en priorité à des enfants ? interroge la militante laïque. Le religieux s’impose dans les espaces publics et dans les esprits. On remarque que les filles sont voilées de plus en plus jeunes. Les commerces sont communautaires. Le problème, c’est le manque de diversité. Les autorités devraient faire en sorte de préserver un équilibre, mais ce n’est pas le cas. La religion avance toujours un peu plus et les Belges, de peur d’être accusés d’islamophobie, se taisent et préfèrent regarder ailleurs

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