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SENLIS, Michelle



Mon vieux


Dans son vieux pardessus râpé

Il s'en allait l'hiver, l'été

Dans le petit matin frileux

Mon vieux.


Y avait qu'un dimanche dans la semaine

Les autres jours, c'était la graine

Qu'il allait gagner comme on peut

Mon vieux.


Et quand on travaille aux Chemin de Fer

On ne peut pas dire qu’c’est la misère

Mais c’est pas non plus le paradis

Le paradis.


Alors quand je suis dans mon pieu

A bien sentir passer la vie

C’est bien souvent que je pense à lui

Mon vieux.


Dans son vieux pardessus râpé

Il a fait pendant des années

Le même chemin le même boulot

Mon vieux.


Car il était comme beaucoup de gens

Pas très malheureux mais pourtant

Il n’a jamais gagné le gros lot

Mon vieux.


Et moi j’étais comme tous les gosses

Je bâillais devant les carrosses

Toutes les fois que je pourrais me payer

Le ciné.


Mais après quand je rentrais chez nous

Ca me semblait bien petit tout d’un coup

Et je savais que je le quitterais

Mon vieux.


Bien que j’aie passé des années

A côte de lui sans le regarder

Comme si on était différents

Nous deux.


J’aurais pu c’était pas malin

Faire avec lui un bout de chemin

Ca m’aurait pas coûté tellement

Mon vieux.


Mais quand on a juste vingt ans

On a pas le cœur assez grand

Pour y loger toutes ces choses-là

Et moi


Maintenant que je suis loin d’ici

Quand je pense à tout ça je me dis

Il n’était pas si mal que ça

Mon vieux.