ATTALI, Jacques



L'histoire de la modernité

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Peu à peu, en Europe du nord comme en Italie, se forme une nouvelle idée de la modernité, qui n'est ni chrétienne ni grecque. Ce n'est plus la modernité de l'Être, ni de la Foi, mais celle de la Raison Ces "nouveaux Modernes' s'intéressent aux changements techniques et scientifiques, s'éloignent des valeurs chrétiennes et ne considèrent pas pour autant la pensée grecque comme seule source valable d'inspiration. Cette "nouvelle modernité" croit au progrès, au marché et à la liberté. L'avenir de l'avenir, c'est alors l'expansion de la liberté de commencer, de penser, de posséder, d'échanger, de voter.

Elle commence aux Pays-Bas, puis en Grande-Bretagne, par la Révolution industrielle; en Amérique par une guerre d'indépendance; et enfin en France, par une révolution politique.

C'est en français, au début du siècle suivant, le XIXe, qu'apparaît pour la première fois le mot "modernité", sous la plume de Balzac. Le terme désigne une époque, une civilisation et une conception de l'avenir, mêlant liberté individuelle, droits de l'homme, rationalisme, positivisme, foi dans le progrès technique et l'industrie. La modernité est conquête. On en cherche le moteur. Pour auguste comte, c'est la science; pour Saint-Simon, l'industrie; pour Marx, la lutte des classes; pour Toqueville, l'égalisation des conditions sociales et la démocratie, pour Max Weber, la rationalisation.
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