RUFIN, Jean-Christophe
Le Grand Coeur
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J'aime, moi, le pouvoir tout brut que rien ne dissimule, celui des rois ou des riches négociants. Cette puissance-à, au moins, dit son nom. Elle se donne pour ce qu'elle est et à chacun revient de juger ce qu'il compte faire face à elle. Le pouvoir ecclésiastique avance,lui, sous le masque de l'humilité. Il n'agît ni ne frappe jamais sans invoquer la soumission de celui qui l'exerce à une force supérieure dont il feint d'être l'esclave. En somme, en face d'un religieux, on on sait pas à qui l'on a affaire: un maître ou un serviteur.
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Il est un âge où l'on peut forcer sa nature avec sincérité et se convaincre, jour après jour, que l'on suit un chemin nécessaire alors qu'il vous éloigne de votre volonté profonde et que l'on s'égare. L'essentiel est de garder assez d'énergie pour changer lorsque l'écart devient souffrance et que l'on comprend son erreur.
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Ce quelque chose, je le reconnaissais : c'était l'immense domaine du rêve. L'humanité tient de lui sa noblesse. Nous sommes humains parce que nous avons accès à ce qui n'existe pas. Cette richesse n'est pas donnée à tous, mais ceux qui cheminent jusqu'à ce continent invisible en reviennent chargés de trésors qu'ils font partager à tous les autres.
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