KAHN, Gustave



Ta tristesse inconnue


Ta tristesse inconnue dans tes yeux, si loin dans la foule

et n’y pouvoir porter les paroles des baisers

et tes yeux mes bonheurs, soleils dans la foule

et n’y pouvoir dormir à l’ombre de tes cils et les baiser.


La magie de ta nuit brune et pâle qui demeure

hors mes mains et ma voix et le levier de mes fois

et ce perpétuel présent et ce hier si autrefois

en ce passé sans date où le cercle de tes bras seul demeure.


Et ce cher rêve de ne jamais mourir en toi

et la mémoire du parfum qui ne peut s’abolir en moi

oh vous, tous les instants, toutes les lignes, toutes les joies

baissez vos lèvres à moi, venez dormir en moi.



J’ai mal d’amour


J’ai mal d’amour tant violent

que nul mal ne le saurait guérir.


Drapeaux qui flottiez que pensifs aux hampes

couronnes qui jaillissaient que fanées aux tempes

et gongs de la fête, votre silence


Etreintes qui lassiez l’heure magicienne, vous lassez

voix d’aurore, et qui encore à votre murmure s’est passé

étendue la voix de tes roses aux chants passés tout est lassé.


J’ai mal d’amour tant violent

que nul mal ne m’en saurait guérir.



L’heure du nuage blanc


L’heure du nuage blanc s’est fondue sur la plaine

En reflets de sang, en flocons de laine

Ô bruyères roses, ô ciel couleur de sang.


L’heure du nuage d’or a pâli sur la plaine

Et tombent des voiles lents et longs de blanche laine

Ô bruyères mauves – ô ciel couleur de sang.


L’heure du nuage noir a crevé sur la plaine

Les roseaux chantaient doux sous le vent de haine

Ô bruyères rouges – ô ciel couleur de sang