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RADIGUET, Raymond



Nues


Au regard frivoles les nues

Se refusent selon la nuit

Vers l’aurore sans plus de bruit

Dormez chère étoile ingénue


Sous les arbres de l’avenue

Les amours ne sont plus gratuits

Au regard frivoles les nues

Se refusent selon la nuit


Deux étoiles à demi nues

Semblables Sœurs nées à minuit

Chacune son tour nous conduit

À des adresses inconnues

De vos regards frivoles nues



Sur la mort d’une rose


Cette rose qui meurt dans un vase d’argile

Attriste mon regard,

Elle paraît souffrir et son fardeau fragile

Sera bientôt épars.


Les pétales tombés dessinent sur la table

Une couronne d’or,

Et pourtant un parfum subtil et palpable

Vient me troubler encor.


J’admire avec ferveur tous les êtres qui donnent

Ce qu’ils ont de plus beau

Et qui, devant la Mort s’inclinent et pardonnent

Aux auteurs de leurs maux,


Et c’est pourquoi penché sur cette rose molle

Qui se fane pour moi,

J’embrasse doucement l’odorante corolle

Une dernière fois.