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LE PETIT, Claude


Amis, on a brûlé le malheureux Chausson

Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,

Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;

Sa vertu par sa mort s'est immortalisée :

Jamais on n’expira de plus noble façon.


Il chanta d’un air gai la lugubre chanson

Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,

Et du bûcher ardent de la pile embrasée,

Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.


En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,

Le crucifix en main, de songer à son âme ;

Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu,


L'infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde,

Et, pour mourir enfin comme il avait vécu,

Il montra, le vilain, son cul à tout le monde.


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On m'avait conseillé de bâtir une Epitre
A quelque Grand Seigneur de magnifique Titre;
Mais j'ai ri du Conseil, et je n'en ai fait rien.
Dieu m’a fait naître libre, et je veux toujours l’être,
Je considère plus ma liberté qu’un Maître,
Juge, Sage Lecteur, si j’ai fait mal ou bien.

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Le poète crotté

Quand vous verrez un homme avec gravité,

En chapeau de clabaud promener la savate

Et le col étranglé d’une sale cravate

Marcher arrogamment dessus la chrétienté ;

Barbu comme un sauvage, et jusqu’au col crotté,

D’un haut-de-chausse noir sans ceinture et sans patte

Et de quelques lambeaux d’une vieille baratte

En tout temps, constamment, couvrir sa nudité ;

Envisager chacun d’un œil hagard et louche,
Et, mâchant dans ses dents quelque terme farouche

Se ronger jusqu’au sang la corne de ses doigts ;

Quand, dis-je, avec ces traits vous trouverez un homme,

Dites assurément : « c’est un poète français ! »

Si quelqu’un vous dément, je l’irai dire à Rome !


Le Bordel des Muses

Foutre du cul, foutre du con,

Foutre du Ciel et de la Terre,

Foutre du diable et du tonnerre,

Et du Louvre et de Montfaucon.

Foutre du temple et du balcon,

Foutre de la paix et de la guerre,

Foutre du feu, foutre du verre,

Et de l'eau et de l'Hélicon.

Foutre des valets et des maîtres,

Foutre des moines et des prêtres,

Foutre du foutre et du fouteur.

Foutre de tout le monde ensemble,

Foutre du livre et du lecteur,

Foutre du sonnet, que t'en semble ?

…..

Tout fout maintenant sur Permesse

Et les pucelles d’Helicon

S’en font donner dedans le con

Aussi bien que dessus la fesse,

Phœbus même les fout pour rien.

Par prudence afin que son bien

N’entre point en d’autres familles,

Dieu nous garde d’en juger mal,

Mais lorsqu’on a foutu ses filles,

On peut bien foutre son cheval.

…..

Fous donc à perte d’haleine

Phœbus, grand Dieu de Carnaval,

Fous tes Muses et ton cheval,

Fous les poissons de ta fontaine.

Diables et Dieux qui m’écoutez,

Branlez, boujaronnez, foutez,

Sans crainte que jamais j’en gronde ;

Foutez tout, mais souffrez aussi,

Si vous foutez dans l’autre monde

Que nous foutions dans celui-ci.

…..