VIDAL, Peire



Noble dame, vous êtes d'un mérite si grand et si solide que votre valeur vous loue plus que la louange;

c'est pourquoi je récite ma chanson nouvelle et d'un son nouveau.

Noble dame, votre blancheur ressemble à la neige des montagnes et votre teint à la rose ;

Dieu vous fit d'une telle beauté que la nature n'y a aucune part.

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Je ne me plains pas de ma joie, mais bien de la douleur qui me fait souffrir toute ma vie, sans qu'il y ait faute et tort de ma part.

Maintenant je veux essayer de raconter et dire comment Amour, qui me fait languir, ne veut pas me traiter avec justice.

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Elle a envers moi un cœur si hostile et si dur, celle qui me bat de ses verges, que plus je lui suis soumis, plus elle me cuise de douleur.

Mais moi, semblable à un fou qui vient en justice, je viens devant elle et je ne m'irrite pas en paroles ;

puis je réfléchis que je veux aller trop vite.

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Celle à qui vont mes désirs m'a fait passer de la clarté dans l'ombre;

puisque Amour veut tous mes maux, je ne m'étonne pas que tout aille mal pour moi.

Mais je vous assure que je souffrirai avec patience jusqu'à ce que je puisse arriver à voir de mes yeux son beau corps;

seulement il me semble que cette attente durera trop longtemps.

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Je n'ai pas de château entouré de murailles et ma terre ne vaut pas deux gants; mais jamais il n'y eut, il n'y a ou il n'y aura de plus parfait amant que moi.

Aussi, noble dame, serai-je à vous, et si vous voulez souffrir que je vous aime, je ne veux pas vous dire autre chose: Amour m'a fait trop parler.

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Ma vaillance et ma supériorité sont choses connues et prouvées ; puisque Dieu m'a enrichi, il ne convient pas que je sois vénal. Je connais cent femmes dont chacune me voudrait avoir avec elle, si elle le pouvait. Mais je suis d'un naturel à ne jamais faire le fanfaron, je n'ai jamais trop voulu parler de moi-même ; j'embrasse les dames et renverse les cavaliers.

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J'ai mis fin à maint bon tournoi par les coups mortels que je donne ; aussi partout où je vais s'écrie-t-on : « Voilà messire Peire Vidal, celui qui maintient courtoisie et galanterie, qui agit en vaillant homme pour l'amour de sa mie, qui aime mieux bataille

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