LAEDERACH, Monique


Si je suis errante


Car si je suis errante, pour quel matin serait-ce,

sinon pour cet espace où je naîtrais donnée,

ceinte à la fois de la pierre et de l'eau ?

Mes nuits t'ont déchiré, je t'ai porté multiple ;

je ne savais sommeil que l'arbre de ton nom.

Mais quand j'aborderai la plaine, quand

j'aurai délaissé l'étreinte des forêts,

comment démasquerai-je le jeu de tant de vent ?

Le jour est trop sévère qu'il faudrait traverser,

trop pauvre ma saison − quand même ton audace

effacerait pour moi le gîte et la mémoire

où j'étais protégée.