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CROMMELYNCK, Fernand



Le cocu magnifique

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( Bruno ) Ah cet amour me comble l’âme et me déborde tout entier! Dites, à présent, ne sont-elles pas — ces jambes — d’un élan incomparable? Les contours de la cheville se rapprochent insensiblement, de sorte que l’œil croit assister à la formation de cette attache délicate, ah... Puis, quel jet merveilleux de force et de douceur dans la ligne qui se courbe sur le mollet, s’étire miraculeusement au jarret. Là, s*est arrêté votre regard. Et vous pensez qu’après une telle aspiration, cette ligne ne montrera plus qu'une grâce nonchalante? Non pas! Je vous le dis, à son point extrême, elle rebondit sans lassitude, s’infléchit avec la pureté des ellipses astrales, sans heurt aucun, pour dessiner la croupe suspendue, ah! ah! vous comprenez?

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Tu en as dit assez ! C’est par là qu’elle a quitté la maison, c’est sûr ! Ah ! la garce, la prodigieuse femelle ! Une femme si achevée, si fi ne, mon cher ami. Quand je me l’imagine nue, dénouant sa chevelure, mon cœur perd son écorce ! Et lui, lui, l’attendait au-dehors avec une échelle ? Comment descendrait-elle du toit dans le verger ? Sauterais-tu de là-haut sans te rompre les os ; glisserais-tu le long du lierre sans l’arracher ? Marche-t-elle sur une vapeur, dans un rayon de lune, a-t-elle des ailes, - me crois-tu fou ?

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