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HELV É TIUS, Claude-Adrien



De l’esprit

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La conclusion générale de ce discours, c’est que le génie est commun, et les circonstances propres à le développer très rares… L’inégalité d’esprit qu’on remarque entre les hommes, dépend donc et du gouvernement sous lequel ils vivent, et du siècle plus ou moins heureux où ils naissent, et de l’éducation meilleure ou moins bonne qu’ils reçoivent, et du désir plus ou moins vif qu’ils ont de se distinguer, et enfin des idées plus ou moins grandes et fécondes, dont ils font l’objet de leurs méditations. L’homme de génie n’est que le produit des circonstances dans lesquelles cet homme s’est trouvé.

Aussi tout l’art de l’éducation consiste à placer les jeunes gens dans un concours de circonstances propres à développer en eux le germe de l’esprit et de la vertu. L’amour du paradoxe ne m’a point conduit à cette conclusion; mais le seul désir du bonheur des hommes. J’ai senti et ce qu’une bonne éducation répandrait de lumières, de vertus, et par conséquent de bonheur par la société ; et combien la persuasion où l’on est que la vertu et le génie sont de purs dons de la nature, s’opposait aux progrès de la science de l’éducation et favorisait, à cet égard, la paresse et la négligence.

…Quelque favorable que soit cette opinion à la médiocrité de la plupart des hommes, elle doit déplaire généralement : parce qu’il n’est point d’homme qui se croie un homme médiocre, et qu’il n’est point de stupide qui, tous les jours, ne remercie avec complaisance la nature, du soin particulier qu’elle a pris de son organisation. Les principes ci-dessus établis, en les supposant vrais, trouveront encore des contradicteurs dans tous ceux qui ne les peuvent admettre sans abandonner d’anciens préjugés. Parvenus à un certain âge, la paresse nous irrite contre toute idée neuve qui nous impose la fatigue de l’examen.

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