GILKIN, Iwan


Le mauvais jardinier

Dans les jardins d'hiver des fleuristes bizarres

Sèment furtivement des végétaux haineux,

Dont les tiges bientôt grouillent comme les noeuds

Des serpents assoupis aux bords boueux des mares.


Leurs redoutables fleurs, magnifiques et rares,

Où coulent de très lourds parfums vertigineux,

Ouvrent avec orgueil leurs vases vénéneux.

La mort s'épanouit dans leurs splendeurs barbares.


Leurs somptueux bouquets détruisent la santé

Et c'est pour en avoir trop aimé la beauté

Qu'on voit dans les palais languir les blanches reines.


Et moi, je vous ressemble, ô jardiniers pervers !

Dans les cerveaux hâtifs où j'ai jeté mes graines,

Je regarde fleurir les poisons de mes vers.