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BOBIN, Christian



La plus que vive

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Belle, oui, belle de cette beauté que donne à un visage de femme le grand air de la liberté, belle, gaie, douce, attentive, distraite, insouciante, fatiguée, légère, insupportable, adorable, désordonnée, riante, désespérée, chantante, songeuse, désordonnée encore et lente, très lente et libre et belle comme la vie.

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On peut donner bien des choses à ceux que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout : le manque. Il m’était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de coeur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l’air s’y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés. Tu étais celle-là, Ghislaine, tu l’es encore aujourd’hui, celle par qui le manque, la faille, la déchirure entrent en moi pour ma plus grande joie. C’est le trésor que tu me laisses : manque, faille, déchirure et joie.

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La part manquante

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Pour s'éprendre d'une femme, il faut qu'il y ait en elle un désert, une absence, quelque chose qui appelle la tourmente, la jouissance. Une zone de vie non entamée dans sa vie, une terre non brûlée, ignorée d'elle-même comme de vous. Perceptible pourtant, immédiatement perceptible

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