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ZYKЁ, Cizia



Oro

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Je me baisse machinalement pour prendre mon passeport, qui se trouve à son habitude dans une de mes bottes. Aussitôt c’est la panique: les deux types se jettent de côté et sortent leurs flingues. Six autres, surgis de partout, me mettent en joue avec des mitraillettes. Le patio de l’hôtel Poas, où j’attendais un ami en buvant un café, s’est brusquement animé. La moitié des “clients” se sont levés et me braquent. D’autres flics, en civil, accourent par l’entrée pendant qu’un fourgon cellulaire fait crisser ses pneus avant de s’arrêter devant l’hôtel. Pour un beau piège, c’est un beau piège, mais je crois qu’ils m’ont surestimé.

Ils sont plus d’une douzaine qui tremblent au bout de leurs armes, je suis seul et désarmé. Ils l’ignorent et l’atmosphère est terriblement tendue; je ne fais pas un geste, conscient qu’un simple battement de cils leur serait une excuse suffisante pour qu’ils me criblent de plomb: ils sont nerveux, les petits flics; il faut dire que ces trois années dans la jungle où j’ai donné libre cours à ma folie et à ma violence ont laissé des stigmates et que mon crâne, toujours rasé, n’arrange rien. Ils ont plus peur que moi, aussi je me laisse mener au fourgon, mitraillettes dans le dos, sans esquisser le moindre geste. En ce clair matin du 18 février 1984 je vis ma dix-huitième arrestation costaricienne, acte III, scène XVIII de la Quebreda del Frances et je connais mon rôle par coeur.

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